Chapitre VIII La tentation, le passage à l’acte, la punition

La tentation, le passage à l’acte et la punition

(Gn. 3. : Un serpent nu).

Au milieu du grand panneau, dont il est l’axe central, l’arbre, cruciforme, préfiguration peut-être de la croix du Christ ?
Une seule grande branche,  à gauche, avec ses feuilles et ses fruits. A la place de celle de droite, l’archange Michel, en rouge, dont le bras est prolongé par son épée : la tentation d’un côté, la punition de l’autre.

A. La tentation

1. Le « serpent nu »

Le titre que Chouraqui donne au chapitre 3 de la Genèse.  Nu, « aroum » en hébreu, «  plus que tout vivant du champ qu’avait fait YHVH Elohim  (3,  1)». La BJ  traduira : « le plus rusé  de tous les animaux des champs »…
Une créature de Dieu, lui aussi, mais son habileté dépasse celle de l’homme. Dès son entrée en scène, il en est l’ennemi. Il est menteur. Il sert de masque à cet être hostile à Dieu, auquel le Livre de la Sagesse donnera plus tard son vrai nom, l’Adversaire.  En hébreu, ce sera le Satan, en grec, le Diable, celui qui divise… « C’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde » (Sagesse. 2, 24).

Chapitre II Le Créateur et la création du monde vus par Michel Ange

Mercredi 21 mars
Chers amis, un problème de disque dur m’a empêché de sauvegarder certaines parties que j’ai dû refaire.
De ce fait, l’article que vous avez reçu vendredi 16 mars n’était pas le bon, voici donc le deuxième chapitre qui aurait dû être publié à ce moment-là. 

I. L’évolution de l’image du Créateur en Occident

1. Pour les Juifs, le « Béni », le « Saint », est unique, même si le premier mot qui le désigne est un pluriel, Elohim. Il est éternel, YWHV, c’est l’Etre à tous les temps. Il est universel. « Il habite », écrit un rabbin, « là où on le laisse entrer »… Il est inconnaissable, invisible. Nul n’en a jamais vu la face.
Les Juifs n’ont donc jamais voulu exprimer leur vision de la divinité dans un art figuratif… Conformément à la Loi de Moïse, ils se sont toujours interdit rigoureusement de faire une image de Yahvé. La parole et l’écrit, oui. L’image, non.

2. Les artistes chrétiens ont longtemps respecté cette interdiction. Pendant des siècles, jusqu’à la fin du Moyen Age, ils n’auront pas le droit de donner au créateur un visage d’homme… Tout au plus, pouvaient-ils montrer sa main, à Ravenne par exemple, et plus tard en Sicile.

3. Dès le IIIème siècle, sur les parois des catacombes, ils n’ont pas hésité en revanche à représenter les scènes de l’Ancien Testament qui pouvaient préfigurer la vie de leur maître, Abel en berger, Melchisédech offrant le pain et le vin, Jonas sortant au bout de trois jours du ventre de la baleine, Daniel dans la fosse aux lions, les trois jeunes gens dans la fournaise…
Considérant l’Ancien Testament, rebaptisé parfois le « Premier », comme la matrice de la Révélation du Nouveau.

La Création : sommaire, introduction et chapitre I

Introduction

Comme indiqué dans mon envoi  du mercredi 29 février 2012, je me suis donc plongé depuis quelques mois dans les trois premiers chapitres de la Genèse, en les lisant, verset par verset,  tout en recherchant et en commentant les œuvres d’art qui y correspondent, avec une place d’honneur réservée aux fresques peintes par Michel Ange pour le plafond de la Chapelle Sixtine.
Pour relire ces trois premiers chapitres, je me suis servi de la traduction d’André Chouraqui  (DDB, 1989). Sans négliger de faire appel, chaque fois que je le jugeais utile, à la version de la « Bible de Jérusalem » (BJ), établie sous la direction de l’Ecole biblique de Jérusalem, à partir des textes originaux, hébreux, araméens et grecs (Cerf, Edition révisée 1973).

Je commencerai par rappeler quelques données que beaucoup d’entre vous, mais sans doute pas tous, connaissent déjà.
1. Chouraqui a intitulé ces trois premiers chapitres : « Sept jours ».  « Jardin en Eden ». « Un serpent nu ».
L’ensemble est  constitué de deux récits bien distincts :
Le premier (Ch.1 et Ch.2 jusqu’à 4a inclus), raconte la création, dans le cadre d’une « semaine », du monde et de l’humain (le « glébeux », « mâle et femelle »),  jusqu’au repos du « septième jour ».
Le second (Ch.2, après 4b, et Ch. 3), donne une autre version de la création de l’homme, puis de la femme à partir de l’homme (2, 4b- 8 et 18-24), qui s’insère dans une vision de l’Eden, avec l’interdiction de manger du fruit d’un arbre (2, 9-17), de la tentation, du passage à l’acte et de la punition ( Ch. 3 en entier).

2. La chronologie des deux récits
Le second récit serait le plus ancien. Il aurait été écrit à Jérusalem aux alentours des VIII et VIIèmes siècles av. JC, en s’appuyant sur d’anciennes traditions orales, dites « yahvistes » en Judée, parce que donnant le nom de Yahveh au Dieu unique des « Juifs ».
Le royaume de David et de Salomon avait été divisé en deux. Celui d’Israël, au Nord, la Samarie, conquis par Assuérus était devenu une province assyrienne. Demeuré indépendant, celui de Juda avait accueilli des réfugiés de Samarie qui avaient peut-être apporté avec eux des « rouleaux » d’anciennes  traditions, dont l’ensemble aurait été réédité à Jérusalem dans une perspective judéenne (cf. Thomas Römer, professeur au Collège de France, in Le Monde de la Bible. 2011).
Ecrit après le retour de Babylone en 538, le premier récit serait plus récent. Dieu y est appelé Elohim.
Les Juifs disposaient déjà pendant l’exil d’une littérature religieuse, dite « sacerdotale », qui s’est développée ensuite au retour au temps des Perses et après. De là, l’adjectif de « sacerdotal » donné à ce texte placé en tête de la Genèse. Sa composition et son style portent la marque d’un ou de plusieurs écrivains  de talent.
Les deux récits ont été inclus entre 400 et 350 avant J.C. dans une première version du Pentateuque (la Torah), devenue le fondement du judaïsme naissant et la première partie de la Bible hébraïque.